Joseph Wilner

Jasmin Joseph est né le 27 mars 1924 à Grande Rivière du Nord en Haïti. Orphelin à 6 ans, il vit auprès de sa tante à Port-au-Prince puis avec une femme qui le prend sous son aile jusqu’à ses 19 ans. A partir de 1942, il travaille à l’usine de brique Baudry proche de Cabaret et commence à modeler chez lui quelques petites figurines d’argiles qu’il fait cuire.

En 1948, la rencontre avec le sculpteur américain Jason Seley, professeur au Centre d’art, est décisive. Seley sculpte des pièces en argile qu’il dépose régulièrement à l’usine Baudry pour la cuisson. Remarquant les petites figurines du jeune homme, il est impressionné par son talent et en rapporte quelques exemples au Centre d’art. Dewitt Peters l’invite alors à rejoindre le groupe d’artistes du Centre. Jasmin Joseph accepte et loge pendant 9 ans dans une chambre au sous-sol du bâtiment où il sculpte l’argile.

Jasmin Joseph réalise en 1950 sa première peinture, Loa Vert, inspirée par la culture vaudou. Converti ensuite au protestantisme, il s’intéresse aux thématiques chrétiennes et traite dans ses sculptures de sujets bibliques : crucifixions, anges musiciens et scènes de la vie des saints.

En 1955 sont inaugurés à la Cathédrale Sainte-Trinité de Port-au-Prince des ensembles de briques d’argile sculptés et ajourés : un Chœur d’anges servant de paravent à l’orgue et Douze apôtres formant la balustrade de la galerie du choeur. Le sculpteur travaille par ailleurs sur des représentations de la vie quotidienne, notamment des femmes et des hommes au travail. Ces sculptures en argile connaissent un grand succès et l’artiste répond à de nombreuses commandes en Haïti et pour l’étranger.

Au début des années 60, Jasmin Joseph délaisse progressivement la sculpture pour la peinture. Il développe un univers où les animaux sont mis en scène dans des épisodes d’inspiration biblique ou personnifient les mœurs et les travers de la société. Il réalise des commandes importantes, notamment en 1963 avec les deux portes intérieures de l’orgue de la Sainte-Trinité représentant un paysage d’animaux sauvages, ainsi que les sculptures de Stations de Croix. En janvier 1965 est inaugurée la Tourelle, construite dans le jardin de la villa de Pierre Monosiet. Cette œuvre est composée de plusieurs architectures et de fenêtres d’argile ajourées représentant des animaux et des scènes d’inspiration religieuse.

Parmi les peintures les plus notables de l’artiste, Agnus Dei (1960) représentant un agneau crucifié tel le Christ sur un mont Golgotha parsemé de lapins blancs, L’Arbre de vie (1969) montrant un Christ se fondant entre les branches d’un arbre gigantesque, L’ange de l’Apocalypse (1974) mettant en scène le combat de l’ange contre la Bête de l’Apocalypse dans un paysage parsemé de crânes et d’os, et enfin Le mariage d’Adam et Eve (1989).

Jasmin Joseph participe à plusieurs expositions à l’étranger : en 1978 au Brooklyn Museum à New York à l’occasion de l’Exposition haïtienne, mais aussi à Waterloo et en Guadeloupe en 1983, à Boston en 1983. Il est à l’honneur pour le 50ème anniversaire du Centre d’art en 1994.

Durant toute sa carrière Jasmin Joseph reste fidèle au Centre d’art. Il siège au conseil d’administration de l’institution entre 1997 et 2004.

L’artiste décède à Port-au-Prince le 31 octobre 2005, à l’âge de 81 ans. Le 7 novembre est organisée au Centre d’art une veillée en son honneur.

Ses oeuvres sont aujourd’hui conservées dans de nombreux grands musées : le Figge Art Museum à Davenport, le Milwaukee Art Museum, le New Orleans Museum of Art, le Wadsworth Atheneum Museum à Hartford, le Waterloo Museum of Art, le Musée d’Aquitaine à Bordeaux ainsi que le Musée d’Art Haïtien du Collège Saint-Pierre à Port-au-Prince.