
Laura Labri Laborie
Fascinée
par les reliquaires chrétiens, qui concilient aisément les contraires
(le faste ostentatoire de pierres précieuses et les restes abject
d’ossement terreux), l’artiste pare la figure du Christ de breloques
clinquantes, perçues comme autant de clins d’œil aux ornementations
recouvrant les objets de dévotion du Moyen Age. Ses bras et jambes en os
nous rappellent la souffrance endurée lors du supplice de la croix et
s’intègre dans une réflexion sur la vanité de toute vie terrestre. Doté
d’une allure tribale, tout en faisant écho par sa ceinture en métal aux
cottes de maille des Carolingiens, Jésus nous étonne par sa simplicité
raffinée : le « seigneur », tout à la fois humain et divin, s’impose
dans une magnificence de pacotille, qui émeut par sa gaucherie et sa
sincérité enfantines.